jeudi 19 mars 2009

Inde, Agra la douce

Le 19.03.09
C'est en 1501 que le Sultan Sikander Lodi installe sa capitale a Agra. Celle-ci tombe aux mains des Moghols en 1526 quand l'Empereur Babur bat le dernier des Lodi...
500 ans plus tard, la ville compte 1.320.000 habitants et conserve toujours les majestueux vestiges du glorieux passe.
Les Moghols etaient d'incroyables batisseurs, et, apres en avoir vu des exemples fameux depuis Delhi, entre les mosquees, les forts, et le Taj, je continue ma remontee dans le temps avec la visite de 3 nouveaux sites.
Avant cela, je passe a la poste locale, une sorte de petit reduit sombre dans lequel travaillent 4 employes avec des outils rudimentaires. Gentiment, ils me laissent m'installer sur une chaise, dans un coin, pour prendre le temps de coller mes 36 timbres (!).
C'est ainsi, en Inde. Les boutiques ressemblent plus a des echoppes faites de bouts de ficelles. Il est meme rare de trouver une denree qui ne soit pas perimee, comme les sodas ou les bouteilles d'eau. Ici, on est loin de la sur-consommation... Et pour un petit occidental comme moi, c'est bon de se confronter a l'essentiel. On parcourt le monde avec ses propres references (d'hygiene, de sante, de nourriture, de relations sociales, etc), et il faut savoir dans tout ce qu'on decouvre se placer au niveau du pays visiter. La critique est facile, avoir des yeux grands ouverts est plus difficile...
Ainsi, je pourrais palabrer des heures sur l'insalubrite des cours d'eau jonches de detritus, des enfants, fesses a l'air et tous crasseux, des gens qui jettent partout les ordures, etc... mais je ne suis qu'un Francais en Inde, et l'Inde aujourd'hui, c'est ca...
Je pars sous un soleil de plomb et sa chaude lumiere blanche qui apesentit l'atmosphere...
D'abord au rythme lent d'un tricycle, puis au rythme flaneur de la marche.
Au-dela du trafic impressionnant deja evoque, se promener dans les arteres indiennes est envoutant... Il n'est pas rare de croiser des singes aux culs roses se balancer d'une branche a un reverbere, ou se baladant sur la corniche d'un temple, de voir des chevres et des vaches musarder dans les tas d'ordures, d'observer des chiens errants, galeux ou peureux, etendus sur le sol, accables par la chaleur, de regarder passer des chameaux immenses et colores, de s'ecarter sur le passage des elephants dodelinants, ou de contempler des chevaux epuises tirer des carioles en bois charges de toutes sortes de marchandises. Dans les airs, des pigeons, des aigles ; dans les parcs et les rues, des nuees de petits ecureuils au pelage brun et au dos raye de noir. Nous sommes dans l'Arche de Noe...
Sous le soleil resplendissant, je fais route a pied vers la Jama Masjid, la mosquee d'Agra. J'en contourne d'abord l'enceinte, en passant par des souks animes ou d'innombrables echoppes chamarrees proposent d'innombrables pacotilles, denrees et articles, tissus, etoffes, jouets, nourritures, casseroles, fruits, legumes, etc. C'est vivant, ca fourmille, ca va et vient, ca sent mille odeurs.
La mosquee a ete elevee en 1648. Un beau monument en gres rouge que me fait visiter un vieux musulman, apres avoir pris soin de recouvrir mes jambes d'un long pagne. A cette heure encore bien chaude, des enfants suivent, sous les arcades fraiches, les cours de l'ecole coranique...
Je repars a pied, sur le bords des routes toujours ecrasees par la chaleur, traverse la Yamuna River, admire les belles etoffes qui sechent etendues sur la rive, puis j'arrive au Itimad-ud-Daulah, appele egalement (pour les touristes) le baby-taj. Construit entre 1622 et 1628, il s'agit de la tombe Mizra Ghiyas Beg, haut responsable sous l'empereur Jahangir et grand-pere de Mumtaz Mahal, la femme de Sha Jahan. C'est encore un magnifique mausolee, loin de la foule de son illustre modele, le Taj, un petit coin de verdure tranquille au bord de la riviere, entre marbre blanc, gres rouge, fine dentelle de sculptures, soleil blanc, ciel pastel et herbe verte...On s'y prelasse a l'ombre des feuillages ou adosse a une embrasure de porche sans se lasser.
Je reprends ma marche pour essayer de denicher plus loin le Chini-Ka-Rauza, un autre mausolee bati entre 1628 et 1639, aujourd'hui un peu delabre...
Sur le bord de la route, je m'arrete aupres d'un vendeur ambulant et essaie des mets locaux. Une sorte de fine pate durcie, creuse, en forme de madeleine. Les enfants rigolent de me voir les manger si mal. Il faut, a l'aide de son pouce, en perce le centre et plonger le petit biscuit dans une sauce verte legerement epicee servie dans une coupelle faite de feuilles d'arbre... Le nom de ce morceau d'Inde : Tikya. Je me le fais repeter, puis prononcer, et, devant mes difficultes de comprehension, les enfants me l'ecrivent. Il me poursuivent alors en me criant mon nouveau nom de guerre : "TIKYA !!"

Je passe la fin de l'apres-midi sur la rive de la riviere Yamuna, de l'autre cote du Taj, pour admirer les derniers rayons de soleil dans ce cadre splendide. Quelques enfants qui jouent, des touristes qui flanent, des chevres qui paissent, le cours d'eau qui coulent. C'est doux et calme a la fois, c'est grandiose et tranquille.
Je rejoins l'hotel en traversant la riviere sur une barque ; un passeur, silencieux, et son long baton, dans les lueurs diaprees de la nuit qui s'annoncent, me fait passer, avant le sommeil, le Styx eternel...
A ma pause internet, je fais la connaissance d'Emilie, accent chantant du Sud, et Fanny, deux amies de Vienne (en France), qui partent en voyage asiatique pendant 6 mois. Cela fait deja six semaines qu'elles parcourent la douce India, avant d'aller conquerir les hautes cimes escarpees du Nepal. Comme moi, et comme beaucoup de touristes qui suivent les itineraires des guides, elles s'arreteront a Khajuraho et Varanasi (Benares)...
Ni une, ni deux, nous embarquons tous les 3 pour un diner de poulets tandoori et de paratha (sortes de galettes, comme des naans, mais moins epaisses...) en nous racontant nos peripeties. Je l'avoue, j'adore la cuisine indienne, mais etrangement, plutot en France, en Australie, ou a Singapour... Dans les boui-bouis des rues, elle apparait moins raffinee, moins subtile ; peut-etre est-ce aussi l'hygiene douteuse de certains endroits qui me laisse sur ma faim...

Aujourd'hui dans le monde : "Les voyages, ca ressemble a l'amour. Il y a les amours qui eclairent et ceux qui assombrissent. Tout depend du coeur qui les vit et les hommes ont le coeur qu'ils peuvent..." Louis Pelletier-Dlamini

1 commentaire:

Hervé et Marie-Paule a dit…

Mon cher fifi,
tu écris bien et tu nous fait bien rentrer dans l'atmosphère de la rue indienne. Tes photos nous y aident bien sûr, mais le texte est important.
J'arrête car Cécile me fait des chatouillis dans le dos en me massant et je n'arrive plus à me concentrer.
A la Hervé