vendredi 13 mars 2009

De Sydney a ????

Le jeudi 12.03.09

Dernier jour en Australie, et dernier jour a Sydney.
Il fait beau et Leo et moi en profitons pour aller savourer les eaux douces de Tamarama Beach. Ultimes grains de sable entre les orteils, derniers rouleaux, extinction des bikinis... Ca sonne comme (le glas, oui, aussi...) la fin d'un ete, comme un retour de vacances...

J'ai passe un sejour genial, avec un Leo absolument adorable (je ne l'avais pas precise, mais j'ai squatte au total, aller et retour, un mois dans sa chambre de 9m), mais il y avait un choix a faire : soit rester et redonner un sens a cette pause australe en travaillant, soit reprendre la route pour tranquillement rentrer au pays, comme on dit. J'ai opte pour la 2eme solution, tout en conservant un oeil attentionne sur la 1ere...

Sac a dos refait, rebourre, affaires bouclees, claquettes rangees, je recupere le fil de mon periple avec envie, meme si un petit coup de blues me surprend a l'aeroport en laissant derriere moi l'ami Leo et cette delicieuse villegiature. Je commencais a m'y habituer...

Retour, donc, au Sydney Airport... A la douane, la preposee hesite, dans un sourire, entre la photo d'un jeune Frenchie blafard sur le passeport et le petit gars rase et tout bronze qui se tient devant elle. Il faut dire que j'ai rarement ete aussi noir. Adieu mon "capital peau"!!...

Plan de vol : Sydney-Brisbane, Brisbane-Kuala Lumpur, Kuala Lumpur-New Delhi.

Et oui, je vais en Inde ! Il n'y a pas encore si longtemps, c'etait loin d'etre une de mes destinations privilegiees. Les prejuges, la pauvrete, la meconnaissance du pays, ne m'orientaient pas vraiment sous ces latitudes. Mais il faut croire que les voyages ouvrent l'appetit, les yeux et la curiosite. Et puis, j'ai un excellent pretexte qui me trotte en tete depuis deja fort longtemps, une motivation qui a elle seule m'a engage sur la piste indienne. C'est aussi parfois comme cela qu'on prend la route, a la suite d'une image, d'un symbole, d'un monument. Juste un premier pas qui engage a decouvrir tout le reste. Pour ma part, je fais route tout a la fois vers un symbole, une image, un monument, qui tient dans ces 2 initiales : T.M., un mythe...


Le vendredi 13.03.09 (le 2eme vendredi 13 en l'espace de quelques mois...rigolo, non??) ... quelque part au-dessus des flots

Ambiance d'aeroport au ralenti, entre 2 decalages horaires, une nuit qui s'etire entre Brisbane et KL, des heures qui s'allongent au rythme lent et hagard des passagers errant dans les couloirs deserts.
Gavage d'oies a 18.000 metres d'altitude, puis un dernier trajet, KL-Delhi, dans un avion aux 2/3 vides.

Apres avoir traverse une belle nappe de pollution et de poussiere planant au-dessus de Delhi, nous atterrissons sur les pistes de l'Indira Gandhi International Airport a 16.30pm, heure de Sydney (je suis parti la veille a 21.30pm), soit environ 11.00am, heure locale. Ca y est, je suis en Inde, un autre pays hors normes, 6 fois grand comme la France, 1.1 milliard d'habitants, 16 langues officielles, dont l'anglais.
Le soleil m'accueille, comme les doux relents d'une Asie cahotique qui me fait revivre... Je dois le reconnaitre, l'apathie du touriste-faineant commencait a me gagner lors de mon sejour a Sydney. Apres tant de peripeties quotidiennes, on se laisse facilement engourdir par la douce torpeur du vivotage a vue. Mes sens etaient sur pause, seulement clignotants au passage de ravissantes sirenes en bikini (ce n'est pas ma faute ! les filles, la-bas, on l'avantage d'etre bronzees toute l'annee et de porter court... Forcement, ca attire l'oeil !! mais bon, les Francaises sont quand meme les plus jolies... !). Bref, plus de decouvertes, plus d'emerveillements, juste une quietude bonhomme, ma foi, bien plaisante.

Et voila que pour le coup, mon arrivee a Delhi ravive en moi mes instincts de baroudeur. Quelle claque !!! quel coup de fouet ! Moi qui pensais etre aguerri, suite a mon passage en Asie du sud-est, a Bangkok et ailleurs... Que nenni !
C'est sur, je suis de retour en plein trip. Je retrouve les rumeurs de l'Asie, les embouteillages monstres, le concert ininterrompus des klaxons vituperants, les rickshaws (pousspouss a moteur) reconnaissable ici entre tous, arborant de magnifiques couleurs vertes et jaunes, les velos-tricycle, les carioles, les vaches. Ca secoue, c'est incroyable ! et bien plus que partout ou j'ai ete...
Je loge au Ajay Guest House, sur Main Bazar Road (le Bazar Principal, et ce n'est pas un hasard...), dans le quartier Paharganj, a Old Delhi. C'est a nouveau l'aventure, aucun doute possible : c'est poussiereux, c'est misereux, c'est populeux, c'est douteux, c'est fabuleux, c'est moyen-ageux, c'est cahoteux, c'est cul-terreux, c'est bordeleux, c'est merveilleux, c'est honteux, c'est fumeux, c'est pas ennuyeux, c'est fameux, c'est dangereux. A chaque coin de rue, c'est la cour des miracles mille fois repetes. Ajouter a cela le decalage horaire, et j'en ai plein les yeux qui debordent !!!

Je pars a pieds arpenter les arteres-capharnaums de Old Delhi. Il y a du monde partout, ca se bouscule, ca s'evite de justesse, ca charge les camions, ca decharge les camions, ca klaxonne encore et toujours, et tous les transports, cahin-cahan sur des routes a peine planes, y vont de leurs assourdissants "pouet-pouet", bus, velos, camions, rickshaws, voitures...
Je fais figure de perle exotique au milieu de tous ces Indiens. Ils me devisagent sans vergogne, lorgnent mes chaussures d'un regard jaloux (je prendrais les sandales la prochaine fois...). Il faut avouer que je suis le seul representant de la population dite occidentale en ces lieux eloignes des itineraires touristiques.
Les hommes, avec grand naturel, se tiennent par la main ou par l'epaule, une attitude qu'on attribue plus frequemment a 2 bonnes copines par chez nous. La gente masculine se prete meme a de touchantes attentions physiques : et vas-y que je te masse la nuque, et vas-y que je te tripote les oreilles ; c'est le contact viril au masculin. Certains d'entre eux, blases du noir de jais qui habille a l'infini toute la foret capillaire dans ces contrees indiennes, n'hesitent pas a pousser la coquetterie jusqu'a se teindre la barbe ou les cheveux, ou les 2, d'un roux douteux...Comble du chic...
Les femmes, elles, resplendissent et illuminent les rues dans leurs saris rayonnants de couleurs chatoyantes.
Apres un passage a la gare de Old Delhi, dans le bazar a l'ancienne des guichets vieillots, je visite le Fort Rouge (XVIIe), edifie par Sha Jahan, une immense enceinte fortifiee a la chaux rouge, avec en son sein des pavillons et une mosquee de marbre blanc.

Puis je pars admirer, dans un soleil voile de fin de journee, la superbe mosquee Juma Masjid (1644-1658), toujours batie a l'initiative de Sha Jahan. Je monte en haut du minaret pour surplomber la ville et les quartiers animes de Old Delhi. Un escalier en colimacon, large d'a peine 60 cm, ou se croisent un nombre impressionnant d'Indiens qui continuent de monter, de monter...Comment font-ils une fois arrives la-haut ?? l'espace est si restreint...

Une premiere journee forte en couleurs et en bruit. Le slogan de l'office du tourisme indien ne trompe pas : "Incredible !ndia !"


Aujourd'hui dans le monde : "Le voyage est ma maison". Muriel Rukeyser



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