lundi 16 mars 2009

Inde, Jaipur

Le 15.03.09
5.00am. La quasi nuit blanche de l'avion, associee a mes longues heures de marche sous le soleil d'hier, me rendent le reveil bien difficile...
Je laisse les cles a l'accueil et, charge de mes deux sacs a dos, je pars dans la nuit deserte et les rues encore calmes de Main Bazaar Road. Au bout, la New Delhi Station, deja bien vivante et encombree.
Le train 2015 de 6.05am s'ebranle a l'heure et m'emmene en direction de Jaipur, la capitale du Rajasthan, au sud-ouest de Delhi, 3.5 millions d'habitants.
Meme si les equipements du train ont bien vecu mille trajets, le confort est tout a fait honorable en upper class. Le breakfast, copieux, pour vegetarien ou non-vegetarien, est compris dans le prix du billet (465 rp, environ 7 euros, pour 5h de transport), ainsi que les quotidiens du jour, Sunday Times, Delhi Times, Mail Today...
Notre convoi parcourt des plaines arides, seches, semees de quelques arbres, et, de temps a autre, illuminees par les etoffes eclatantes des femmes qui les traversent. Des lucioles de couleurs qui disparaissent au rythme d'une locomotive encore vaillante...
Comme de coutume, le train arrive a la gare, logique... J'en profite pour reserver mon prochain billet. Resultat : plus d'une heure de queue, avec une pause du prepose entre 11.30 et 11.50am... A ce guichet (normalement reserve aux touristes, aux personnes agees ou handicapees, aux journalistes et aux blesses de guerre), une Americaine un peu palote me donne des conseils sur la ville et sur Agra, ma destination suivante.
Je recupere enfin mon precieux ticket, et me fais alpaguer des la sortie par Ali, un petit bonhomme haut en couleur, conducteur de rickshaw, qui me propose ses services pour trouver un hotel et me faire faire le tour de Jaipur. Il me presente ses carnets de notes deja bien remplis ou la plupart des touristes croises et aides inscrivent, dans toutes les langues de Babel, tout le bien qu'ils pensent du personnage.
Direction Vaishnavi Guest House ou je trouve une chambre bon marche. Dejeuner sur le toit de l'immeuble avec un panorama grandiose sur la ville inondee d'un soleil de plomb.
Apres avoir repris des forces, c'est Ali qui me reprend au pied de l'hotel et nous partons pour une balade touristique a bord de son tricycle motorise.
Circuler a Jaipur releve du rodeo magique. Bien agrippe a l'arriere du rickshaw aux sieges en skai bleu-turquoise, j'admire le pilotage efficace et mouvermente de mon guide.
Embarquez, Messieurs, Dames, c'est parti ! On freine pour eviter des cyclistes bien imprudents, on decelere pour passer sur un nid de poule, on braque pour esquiver l'abordage feroce d'un 4x4 vociferant, on klaxonne (non mais sans blague !), on pousse, on passe entre les jambes monstreuses d'un elephant gris gigantesque, on frole des dromadaires peperes, on vire pour prendre a gauche, on revire pour ne pas ecraser ce pieton trop ambitieux sur notre droite, on s'enroule autour d'une vache noire aux grandes cornes paresseusement installee au milieu de la route, on double un velocipede tout rouille a capote rose, on accelere devant un vieux cheval brun fatigue tirant une carriole en bois hors d'age. Tout va bien, nous sommes en Inde, au pays des reves, sur un manege fabuleux...
Un autre trou dans la chaussee defoncee, un dernier pouet (pour la forme), et nous penetrons dans l'enceinte de la Pink City, la Ville Rose (oui, comme l'autre...). Rose, comme la couleur des remparts, des murs, des palaces, rose, couleur eclatante pour accueillir en 1876 le Prince Albert et les representants de la monarchie britannique, rose comme la couleur qu'affectionne la femme du Maharaja.
Premier arret de la journee au City Palace, le palais ou loge le Maharaja de Jaipur. Un tres bel ensemble, rose donc, dans lequel on peut admirer le faste des cours precedentes et la beaute des pavillons de reception.
En sortant, j'assiste au spectacle envoutant des charmeurs de serpents. Forcement, ma photo a un prix que ne manque pas de me rappeler le moustachu et enturbane flutiste...
Le soleil est toujours bien present au zenith. Il dispense une belle lumiere qui, je l'avoue, attenue la misere qui regne dans les rues.
L'Inde est tres certainement le pays, en apparence (je n'ai pas compare les PIB...), le plus pauvre que j'ai traverse au cours de ce voyage. Des filles d'a peine 7 ans, toutes crasseuses, portent leur petite soeur, toute aussi sale, comme une mere bien trop jeune, des enfants jouent au cricket pieds nus avec des baton en bois, soulevant une poussiere etincelante, d'autres courent derriere une chambre a air en la poussant a l'aide d'une branche, des misereux, hirsutes, noirs des pieds a la tete, regardent, hagards, passer les voitures, des familles entieres vivent sous des installations bien precaires, entre tole, toiles, terre battue, briques et courants d'air... Et parmi tout cela, on trouve une certaine fierte, une certaine "beaute", avec ces touches de couleurs dans les etoffes des tenues feminines, dans les enduits colores des murs rouges, bleus, verts, dans le ciel azur, dans le regard clair et percant des enfants, dans la lumiere de cette journee ensoleillee. C'est toute la naivete du regard artistique porte sur une realite biaisee par la lumiere...
Seconde pause aux cenotaphes des Maharajas, au nord de la ville. Une succession de 3 enceintes avec des pavillons aux dentelles de marbre blanc. Les coupoles resplendissent, entourees des collines seches avoisinantes, pendant que des chevres broutent paisiblement entre les edifices les rares touffes d'herbe encore debout.
Puis nous slalomons vers le Jal Mahal, aussi appele water palace, une ancienne residence des Maharajas destinee a leurs lune de miel ou a leur bon plaisir. Un palais aux teintes jaunes pastelles pose sur le lac Man Sagar, et aujourd'hui desaffecte.
Bien evidemment, Ali a des 'amis'. Cela fait parti du donnant-donnant implicite. Alors nous allons serrer la pince d'un tapissier qui m'etale son travail autour d'une tasse de the. Il deroule tous ses tapis ou presque, un travail minutieux et de qualite, en soie ou en laine. Mais je ne suis pas preneur de ces splendeurs locales, et sans insister, mon hote me quitte dans un grand rire et quelques phrases en francais.
Nous traversons la rue et atterrissons chez un vendeur d'etoffes et de draps, un type decontracte, anneau d'or a l'oreille, bedaine proheminente sous son tee-shirt blanc moulant. Nouveau the. Nouvelle exposition de l'artisanat de Jaipur, chatoyant et divin. Apparemment, l'asticot ventru et sympathique fournit autant Armani qu'une grande marque de magasins specialises en Angleterre. Il est vrai que ses tissus en laine de chameau, en soie, rouges, vertes, bleues, roses, noires, incrustees de paillettes ou de motifs divers, sont tres belles et tres douces.
Ali devant, moi derriere, nous remontons sur le rickshaw et roulons a l'est de la ville, vers le Monkey Temple. Le coucher de soleil se rapproche, les ombres s'etirent, la lumiere s'estompe, les lointains se brument.
Au pied de la colline, je me fais recuperer par Ganesh, un petit bavard de 12 ans qui se debrouille tres bien en anglais et en business. Munis de cacahouetes pour les singes gourmands, nous gravissons le chemin pierreux jusqu'au petit temple. Une vue imprenable sur Jaipur s'allonge sous nos pieds, tandis que l'astre royal rejoint doucement l'horizon. Mon petit guide m'explique le noms des dieux, me montre sa maison bleue en contre-bas, ma casquette trop large vissee sur sa tete trop petite.
Je resdescends en discutant avec Moritz, un Allemand en route pour Delhi...
Retour au bercail...

Aujourd'hui dans le monde : .........

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