lundi 15 décembre 2008

Singapour, la balade

Le 15.12.08


Charlotte a pris son lundi pour nous accompagner aujourd'hui dans notre excursion citadine. Nous quittons l'appartement, Francois, notre charmante guide et moi, en fin de matinee, pour rejoindre Alex pres de son lieu de travail.

La fine equipe enfin reunie, nous nous installons dans un nouveau food-court (il y en a partout!!...) pour la pause dejeuner. Sur les recommandations de Charlotte, j'essaie une soupe aux pates et aux raviolis mode chinoise qui se revele un choix delicieux.

S'ensuit une descente digestive dans un haut lieu de la technologie, un temple paien du high-tech en tout genre : appareils photos numeriques, mp3, consoles de jeu, portables, mobiles, etc se battent en rangs serres sur plusieurs etages dans un centre commercial avec autant de vendeurs que de clients.

Des temples plus spirituels nous attendent a la sortie, l'un taoiste aux centaines de fideles et aux milles rites comprehensibles des seuls inities (tout en recitant des prieres, secouer un cylindre rempli de baguettes en attendant que l'une d'entre elles tombe, puis jeter deux sortes d'osselets rouges pour voir dans quel sens ils atterrissent; faire le tour du temple en s'arretant a des endroits bien precis et, mains jointes, s'incliner en priant; etc), et l'autre, un temple hindou, juste a cote, au mille divinites hautes en couleurs et en visages, toutes sculptees sur la facade de l'edifice.

Les immeubles defilent. Ils sont superbes pour certains, elances, avant-gardiste, et recents pour la plus grande majorite (moins de 15 ans). Ici, tout est en mouvement, et l'urbanisme comme l'architecture n'echappent pas a la regle. On detruit, on reconstruit, on s'agrandit. Bien sur, cet Etat jeune, faconne dans le beton et l'acier, n'a pas la notion de patrimoine comme on peut la connaitre dans la vieille Europe (parfois un peu sclerosant...). Aussi n'hesite-t-on pas a associer tous les styles, a oser, a creer, a recommencer, donnant un melange et une frenesie assez enivrante...
Nous passons aux pieds de la "Batman" Tower, ainsi surnommee par Charlotte au regard de ses lignes pour le moins gothiques evoquant l'univers de la fameuse Gotham City du heros masque...Dans une composition tres classique, des atlantes fort en muscle soutiennent d'imposantes boules au dernier niveau de cette tour; ils semblent pares pour un strike grandeur nature sur les humbles passant que nous sommes. Le hall de reception est a la hauteur de ses facades : ambiance feutree et sombre, bois fonce et grands volumes ; apparemment tres huppe, c'est ici que quelques priviligies tries sur le volet viennent se faire servir des vins entreposes dans une armoire immense que des hotesses s'empressent d'aller deboucher en s'accrochant a des fils dans une feerie aerienne digne d'un Disney...

Cette BatTower reponds a deux autres immeubles, aux lignes beaucoup plus epurees et aux aretes acerees. Meme un peu trop pointus au gout des habitants qui ont vus dans cette disposition particuliere des edifices une mauvaise onde Feng-Shui. La situation du nid batmanesque ne serait donc pas innocente et servirait a briser le fluide antagoniste qui s'epancherait des 2 tours suspectes...

Dans la foulee de cette revelation toute asiatique, Francesco, mal remis de nuits successives agitees (sinus pris) et animees (mangas trop longs), decide de nous quitter pour une cure de repos a l'appartement.

C'est donc en binome que nous attaquons le Raffles, illustrissime hotel de Singapour, tout de blanc immacule, tout de style colonial decore. Il a ete ouvert en 1887 par les freres Sarkies (ceux-la meme qui possederent jadis l'Eastern and Oriental Hotel visite a Penang) et compte encore aujourd'hui une clientele des plus raffinees. Fait moins glorieux, c'est dans la salle de billard de l'hotel que fut abattu en 1902 le dernier tigre sigapourien. Cette tuerie est remplacee sous nos yeux par un autre carnage : des dizaines d'eclairs, de petits fours, d'amuse-gueules, tous devores avidement par des clients gourmands se pressant en nombre dans les salons luxueux a l'heure du gouter...

Nous poursuivons notre route sur Beach Road, dans Colonial District, laissant derniere nous cette evocation gracieuse du siecle passe, pour nous confronter a notre monde moderne, en l'occurrence, les 71 etages qui nous separent d'un bar panoramique au sommet du Swissotel. Deja hauts perches, nous en rajoutons une couche et grimpons sur des tabourets, autour d'une table et de bons mocktails (cocktail, mais sans alcool). Derriere les grandes baies vitrees, la ville s'etend a nos pieds. Grattes-ciel, iles, parcs, centres commerciaux, terrains gagnes sur la mer, comme ce terrain de football amarre au quai comme un bateau. Au loin, une flotte, que dis-je! une armada de cargos, petroliers et autres carcasses d'acier s'ancrent sagement au large du plus grand port du monde. On croirait les images d'un film sur le Debarquement...

On papote, on papote (je profite de ma 'tite Charlotte, on ne se voit qu'a doses homeopathiques depuis 3 ans!) et on redescend vers le quartier des affaires et ses hautes tours de bureaux. A leurs pieds, le fleuve Singapour et un quartier pittoresque, Boat Quay, constitue de petites maisons a 2 ou 3 etages, couverts de tuiles rouges, offrant restaurants et bars aux laborieux travailleurs et aux oisifs touristes. Un cote village qui confere encore une facette inedite a cette ville cosmopolite.

Plus loin, sur Marina Bay, nous nous arretons devant le Merlion, la statue de Lion, embleme de la ville-Etat, crachant un long jet d'eau dans la mer. De l'autre cote de la rive s'elevent les domes futuristes des salles de spectacle de l'Esplanade_Theatres on the Bay. Certains les comparent a des yeux de mouches, d'autres a des Dorians, ces fruits a piquants, et effectivement, leur design ne laisse pas indifferent...

Nous poursuivons notre chemin a travers le quartier des discotheques et des nuits branchouilles, Clarke Quay. Restaurants et bars de tout style et de tout concept se partagent la zone dans des rues couvertes et climatisees par des souffleries impressionnantes au design...phallique. Un bar, the Clinic, au gout douteux, propose de boire ses collations assis dans des chaises roulantes ou a la tetine d'une intraveineuse...

Vers 20.00pm, apres un passage dans un nouveau temple hindou tres anime, on retrouve Francois et Alex revetus de leur plus belle parure jaune et verte aux armoiries du celebre velomoteur Vespa. Nous dinons dans Little India, au restaurant le Kashmir. Jusqu'a present, j'ai rarement ete decu par la cuisine indienne, et encore une fois, mes papilles en prennent plein la bouche, et inversement!...

Je finis la soiree cale sur le siege passager de la moto d'Alex pour un petit tour dans Singapour la nuit, en passant par Suntec City et ses 5 tours representant les doigts de la main avec en son centre, la Fontaine de l'Abondance (l'une des plus grandes du monde...), et par le quartier residentiel des ambassadeurs (le Japonais est bien dote, mais le Francais se defend pas mal...), avec une demeure coloniale (style Prince de Bel-Air pour ceux qui connaissent) au cachet tape-a-l'oeil et au 3 Rolls exhibees...

1 commentaire:

5ème droite en montant l'escalier a dit…

C'est un beau voyage que tu fais là Philippe avec la bonne fortune d'être accueilli. Bonjour autour de toi.
Comme tu le sais, on approche de la fin de l'année. Nous renouvelons notre abonnement au "Monde". A vrai dire, c'est une enseigne de voyagiste, autant qu'un titre de journal : voyage aux quatre coins du globe, dans l'univers des idées et de la politique, dans le monde de la culture et du débat ; indispensable mot de passe aussi pour nos expéditions sur le web. Le journal !, cette prière quotidienne, selon l'expression de Péguy, lecture silencieuse ou à haute voix, lecture à "quatre yeux" où chacun raconte à l'autre ce qu'il a lu, et où il est parfois constaté qu'aucun des deux ne lit tout à fait la même chose. Et bien sur, deux autres réabonnements, plus qu'indispensables : "Spirou" et "Mon quotidien", pour les 11-14 ans, qui militent aussi à leur façon, en faveur du recul critique et d'un mode de voyage cognitif et familial intelligent.
Quatre baisers.